dimanche 31 mai 2015

Porteurs de projets humains en Val d'Oise







DIX ANS APRES C'EST PLUS QUE JAMAIS NON

Qu’ont-ils fait de notre 29 mai 2005 ?  
« Ils » ont commencé par le piétiner . Deux ans après, ils ont en effet contourné le suffrage universel en votant le Traité de Lisbonne, ersatz du TCE, par voie parlementaire. Ils ont ainsi envoyé un message destructeur à un peuple qui, fait exceptionnel pour un référendum, s’était déplacé à plus de 70 % dans les urnes ! A un peuple qui, contre quasiment toutes les élites et la médiacratie, avait voté non à près de 55 % après un débat citoyen exceptionnel. Dix ans après, l’onde de choc de ce saccage de la démocratie n’en a pas fini de se propager : « à quoi bon sert de voter si ceux d’en haut ne respectent pas le mandat que nous leur avons donné ?» . En signant le TSCG en septembre 2012, après avoir promis dans sa campagne qu’il ne le ferait pas si son contenu n’était pas modifié, François Hollande n’a fait qu’amplifier ce phénomène. 
Ils ont démontré combien nous avions vu juste. Ceux-là même qui s’en allaient répétant leur mantra – « vous n’avez pas de plan B ! » nous disaient-ils - ont prouvé que leur plan A amenait l’UE à la catastrophe. Cet espace politico-économique basé sur un grand marché libre et sans contraintes, sans aucune harmonisation sociale et fiscale, couplé à une BCE indépendante mais toute entière dévouée à une politique monétariste, n’a fait qu’accélérer la crise financière de 2008. Le chômage, la précarité, la pauvreté, la casse de l’Etat social et des services publics, la désindustrialisation, le dumping généralisé et la concurrence entre les peuples qu’il génère, le productivisme forcené, l’austérité maladive : tout concourt à ramener l’Europe dans une période de récession égale à celle d’entre-deux-guerres sur fond de crise écologique sans précédent. Sur ce terreau, poussent un peu partout l’extrême-droite et les idées xénophobes à qui les élites prêtent une oreille – et les micros – de plus en plus complaisante. 
Ils continuent à mépriser la souveraineté populaire et tout ce qui paraît s’opposer à l’ordolibéralisme . En intimant au gouvernement Tsipras l’ordre de renier le mandat que lui a confié le peuple grec, ils appliquent exactement les mêmes recettes qu’en 2005 : « votez, on se charge de faire l’inverse » . L’heure de vérité approche puisque si l’Euro-groupe n’accepte aucun des compromis proposés par le gouvernement grec, ce pays sera poussé hors de l’euro. Cela ne semble pas gêner le moins du monde le FMI de Mme Lagarde qui l’envisage publiquement avec évidemment le soutien (l’ordre ?) immédiat de l’Allemagne. En allant jusqu’à cette extrémité, ces apprentis sorciers pourraient bien signer ainsi la fin de l’Euro tout court. Mais ils n’en ont cure. Du haut de leur suffisance, ils considèrent les pays du sud de l’Europe comme une zone arriérée tout juste bonne à consommer les produits qu’ils fabriquent et à accueillir leurs vacanciers. Et dont finalement il ne couterait pas grand-chose de se débarrasser après les avoir laissés exsangues par leur politique. Il n’est qu’à comparer la façon dont ont été traités M. Tsipras et ses ministres et M. Cameron par les « capitales » européennes, Berlin en tête, et par la Commission Européenne de M. Juncker. Le premier cherchait pourtant un soutien et des solutions pour à la fois respecter son mandat et rester dans l'UE, alors que le second vient exercer un chantage pour un renforcement libéral des traités en échange du maintien de son pays, déjà hors zone euro, dans l’UE. 
Oui décidément, si la Grèce était une banque, il y a longtemps qu’elle serait sauvée… Manifestement Berlin et Bruxelles, avec la complicité servile de Paris, ont décidé de prendre le risque de couler la Grèce quitte à préparer, si M. Tsipras leur obéissait finalement et du coup décevait son peuple, le chemin aux nazis d’Aube dorée en Grèce. Plutôt Hitler que le Front populaire ? La question est finalement toujours actuelle. 
Qu’avons-nous fait de notre 29 mai ?
C’est la question que nous posent ces temps-ci les journalistes. Dans le tableau morose de l’UE, constatons des signes d’espoir qui n’existaient pas il y a 10 ans. C’est bien au nom des mêmes valeurs présidant à ce printemps des peuples (la France n’avait pas été la seule à voter NON) que justement, pour la première fois, « notre gauche » gouverne en Grèce et refuse d’abdiquer face aux ultimatums de la Troïka. C’est au nom également de ces mêmes valeurs que Podemos a fait irruption en Espagne et que des listes « convergences citoyennes », soutenues notamment par Podemos, ont non seulement cassé le bipartisme PP/PSOE, renvoyé toujours plus l’extrême droite à sa marginalité, mais également remporté les mairies de Barcelone et peut-être Madrid. C’est au nom d’une toute autre vision de l’Europe que Syriza en Grèce, Podemos en Espagne ou nous en France nous battons : à rebours de l’austérité, de la politique de l’offre, d’une « dictamolle » qui se fiche des souverainetés populaires. C’est au nom d’une union libre des peuples libres d’Europe et non celle de leur soumission aux règles du marché, de la finance et de l’ordolibéralisme. Voilà ce qui nous conduirait 10 ans après à voter plus que jamais non à cette Europe-là et donc à rompre à partir du cadre national. Selon un sondage publié ce 29 mai, le peuple ferait d’ailleurs bien plus largement de même puisque 62 % de français voteraient contre le TCE (à lire ici).
L’espoir vient donc du sud, des pays les plus touchés par l’austérité. Sommes-nous si en retard en France ? Posons autrement la question : qu’avons-nous fait de la dynamique du NON de gauche de 2005 ? Sur la longue durée, on répondra : au final, des progrès. Sur les tribunes de 2005, derrière l’apparente unité, se cachaient en réalité des partis ou courants incapables de proposer une alternative commune. Nous l’avons montré et payé cher pour la Présidentielle de 2007. A l’inverse, vaille que vaille, nous disposons aujourd’hui d’un socle d’environ 11 % que révèlent aussi bien le résultat des départementales que les sondages qui testent la candidature de Jean-Luc Mélenchon à la Présidentielle de 2017. Ce n’est pas suffisant mais c’est une toute autre situation qu’en 2005. La constitution du FdG, onde portée de la dynamique du 29 mai, l’a permise. Et ce malgré toutes ses insuffisances et son incapacité à amplifier, depuis, le souffle de la campagne présidentielle de 2012 et la dynamique citoyenne née alors. Mais ce socle fait que nous ne partons pas de zéro pour espérer remporter à terme les victoires qu’engrangent ou que commencent à engranger « notre gauche » en Grèce ou en Espagne. 
C’est rassurant et signe d’espoir, mais cela ne le sera pas longtemps car à l’inverse de ces deux pays, c’est l’extrême droite qui la première en France a cassé le bipartisme. Il y a donc urgence. Il y a donc péril. L’immobilisme, la poursuite d’un seul cartel électoral ressorti à chaque élection nous tuerait. La solution ? Suivre au moins trois des recettes utilisées par les nôtres en Grèce et en Espagne même sous des formes différentes : l’indépendance vis-à-vis des partis du système, libéraux comme socio-libéraux ; la capacité de susciter une véritable implication citoyenne en donnant à tous ceux voulant s’engager dans le processus l’assurance de peser autant que son voisin, qu’il ait une carte de parti, de syndicat, d’association ou pas ; et enfin à terme, la constitution d’un même mouvement, là aussi dont la forme peut varier, reposant sur des structures de base communes. C’est ce que nous proposons déjà à nos partenaires de poser dans le paysage, sous la forme d’assemblées citoyennes et d’assemblées représentatives pour les listes aux Régionales. C’est la même construction à laquelle des appels citoyens oeuvrent désormais partout dans le pays. 
Voilà donc ce que nous devons absolument tenter de mettre en place dès les Régionales. C’est largement possible, ce n’est pour le coup qu’une affaire de volonté, notamment du Front de Gauche. Il peut ainsi confirmer qu’il est un bien précieux en contribuant à mettre en place les outils pour se dépasser positivement dans un rassemblement citoyen et une nouvelle alliance populaire. Dix ans après, ce serait ainsi une excellente façon de fêter la victoire du NON en 2005 et de préparer la suite.
Eric Coquerel
SN à la coordination politique du parti de Gauche

vendredi 29 mai 2015

Méconnaissance du terrain culturel pour Claude Bartolone lors de son premier jour de campagne à Auvers sur Oise

Aujourd'hui Claude Bartolone, tête de liste PS aux régionales, était en visite à Auvers-sur-Oise. 
Il a rencontré essentiellement les militants du PS local, de manière discrète, un vendredi après-midi. Aucune rencontre avec les habitants qui rencontrent des problèmes au quotidien. Aucune rencontre avec les jeunes de notre ville. Il affirme selon La Gazette du Val-d'Oise : «Aujourd’hui, nous sommes en concurrence avec les grandes métropoles mais nous avons nos propres richesses qui sont la culture, les paysages, les habitants…» 
Je ne sais pas si il est au courant mais Auvers sur Oise est une des rares communes, en Ile de France, de plus de 6000 habitants qui ne possède pas de bibliothèque municipale. La base minimale pour une ville qui se dit culturelle. La raison principale ? L'ancien maire et futur colistier Jean-Pierre Béquet (PS) a toujours refusé en 25 ans de faire une bibliothèque. Pourquoi ? On ne sait pas ! Pourtant, il existe une solution avec l'ancienne école maternelle Eugène Aubert. Les locaux, actuellement vides, pourraient accueillir la médiathèque. D'ailleurs, il existe une subvention dans le contrat régional. Cependant, le projet de l'ancien maire était d'y regrouper les services administratifs afin d'y accueillir du public. Son ancienne adjointe à la culture, l'actuelle maire (DVD) n'a pas fait avancer le projet. Pour que la subvention, du conseil régional, soit portée sur le projet de bibliothèque, il faut un avenant au contrat régional et au contrat départemental, en restant dans le même budget et en modifiant que le programme de l'opération. 
A ce jour pas d'avancée sur le dossier. C'est bien dommage lorsqu'on affiche une priorité culturelle pour la ville.

Sources : http://www.gazettevaldoise.fr/2015/05/29/premier-jour-de-campagne-pour-le-socialiste-claude-bartolone-a-auvers-sur-oise/

Julien Foucou
Citoyen et membre de la commission culture, tourisme et patrimoine d'Auvers sur Oise

dimanche 24 mai 2015

APRES L’ECHEC DE LA FRONDE : RENTRER DANS LE RANG OU SORTIR ?

« La contestation sur François Hollande dans le PS s'est éteinte, elle est résiduelle. Il sera en situation de force pour 2017 ». Cette interprétation des résultats des votes dans les sections du PS est signée Jean-Christophe Cambadélis. Il répond ainsi à l’avance à Christian Paul. Au lendemain des 29 % obtenus par la motion B, son chef de file dit considérer « que le combat n'est pas terminé. Beaucoup de militants ne se sont pas déplacés, et si nous n'étions pas là, beaucoup seraient partis ».
On peut au moins créditer le premier secrétaire d’un sens certain des rapports de force : à l’intérieur du PS, les jeux sont effectivement faits pour les deux ans à venir. Dans la société, c’est tout à fait autre chose : le gouvernement Valls y est assurément minoritaire et le PS va de défaite en défaite. Mais ce n’était pas le problème du moment de Cambadélis. Il souhaitait juste s’assurer d’un parti aligné derrière François Hollande pour sa candidature en 2017. A priori, il en dispose désormais.
Créditons également Christian Paul d’une certaine lucidité lorsqu’il explique que « si nous n’étions pas là, beaucoup (de militants) seraient partis ».
Toute la question est donc maintenant là. A quoi un-e militant-e de gauche sincère peut-il servir dans un PS qui va soutenir plus que jamais la politique du gouvernement ? Qui va même jusqu’à considérer qu’en son sein la contestation à Hollande et Valls s’est éteinte ? Jean-Christophe Cambadélis a répondu à sa manière : à rien. Beaucoup de militants l’ont déjà compris et sont partis : la motion de Christian Paul a réuni 18 975 voix quand celle de Hamon en 2008 recueillait 24 162 voix… Dès lors, un choix se pose pour les frondeurs : si à moins de 30 % ils ne peuvent plus espérer changer le PS, en se rassemblant avec nous à l’extérieur ils peuvent espérer contribuer à changer le pays. Toute proportion gardée, ils se retrouvent aujourd’hui dans la situation de Jean-Luc Mélenchon et de ses camarades en proie au même dilemme au moment du congrès de novembre 2008. Il suffirait donc aux frondeurs de regarder ce qui s’est passé depuis pour décider de leur décision : en restant au PS ont-ils évité la victoire de la ligne sociale-libérale en son sein puis son application stricte au gouvernement ? Sont-ils parvenus à empêcher le PS de devenir un parti du système néo-libéral, désormais aligné sur tous ses partis frères en Europe ? A l’inverse, la sortie de Jean-Luc Mélenchon et de ses camarades aura permis non seulement la création du PG mais surtout à l’Autre gauche de sortir enfin de l’ornière de la division et de la marginalisation. Les Présidentielles de 2012 auront en effet permis, pour la première fois, de concrétiser les espoirs entrevus pour la gauche du Non au référendum sur le TCE du 29 mai 2005. Ce n’est pas suffisant et on ne peut cacher que la période de ressac que nous connaissons n’atteint pas également nos forces, mais entre la capitulation sans condition du PS et l’espoir entretenue d’une alternative de notre côté, le choix devrait être vite fait pour les femmes et les hommes de gauche de bonne volonté. 
Nous savons la tâche immense, nous savons devoir parvenir à faire mieux encore en 2017 qu’en 2012 et ce dans une situation dégradée : la politique appliquée par le couple Valls/Hollande a en effet non seulement accéléré la crise sociale et démocratique mais également ouvert un boulevard à la droite et à l’extrême-droite. C’est pourquoi la sortie de ces milliers d’élus, responsables politiques et militants, tous devenus inutiles dans la machine à broyer les convictions qu’est le PS, serait un sacré appui à la nouvelle alliance populaire et au mouvement citoyen que nous aspirons à construire dès les Régionales. Nous n’avons guère d’illusion mais nous serions heureux que les frondeurs, même une partie d’entre eux, démentent ce scepticisme. Toute aide, toute expérience militante est en effet précieuse dans la période. Il est en tous les cas de plus en plus certain qu’entre une social-démocratie qui assume désormais son tournant libéral même au prix de ses futures défaites électorales, et ce que « notre » gauche représente, il n’y a pas de voie médiane. Désormais, les frondeurs ne peuvent plus se cacher cette réalité. 

Eric Coquerel
SN à la coordination politique du Parti de Gauche

mercredi 13 mai 2015

A Auvers, manque de démocratie et de transparence sur les sujets de culture et de patrimoine

Il y a deux jours, j'apprenais dans le Parisien que l'association Auvers Projet Patrimoine (dont le siège est à l'office de tourisme) avait été créée à l'initiative de 5 auversois et qu'elle avait pour président d'honneur Madame Mézières. Visiblement, aucun membre de la commission culture, tourisme et patrimoine n'en a été informé hormis M Vauvillier, président de l'association. On ne nous a pas proposé, une invitation à l'assemblée générale de cette association. Encore un manque de démocratie et de transparence ! 
Le Parisien ne dis pas que les personnes, qui donneront beaucoup d'argent pour restaurer ce mur, se verront offrir quelques cadeaux. Exemple : 
- pour 500 € (Votre nom gravé sur le Mur des Donateurs pour Auvers érigé par la ville en 2016(si vous le souhaitez)Deux places pour le festival de musique d'Auvers de 2016 ** Un CD du Festival de musique d’Auvers Une carte vous conférant le titre d’Ambassadeur d’Auvers (journée spéciale en 2016), 10 autocollants Auvers Projet Patrimoine pour vous et vos proches. Inscription de votre nom sur la page officielle des Donateurs d’Honneur sur le site de l’association Auvers Projet Patrimoine (si vous le souhaitez)
- pour 1000 € Le titre de Grand Donateur d’Auvers Invitation à la Réception des grands Donateurs d’Auvers (pour 2 personnes) qui se tiendra en 2016.
Une visite guidée du village d'Auvers pour 4 personnes, par un bénévole sélectionné par Auvers Projet Patrimoine. Votre nom gravé sur le Mur des Donateurs pour Auvers érigé par la ville en 2016 (si vous le souhaitez)
Deux places pour le festival de musique d'Auvers de 2016 Un CD du Festival de musique d’Auvers 10 autocollants Auvers Projet Patrimoine pour vous et vos proches. Inscription de votre nom sur la page officielle des Donateurs d’Honneur sur le site de l’association Auvers Projet Patrimoine (si vous le souhaitez)
En revanche une personne, vraiment passionnée par le patrimoine, qui ne peut donner que 5 ou 15 €, aura droit à ce que son nom soit inscrit sur le mur officiel des donateurs. Pourquoi ne pourrait-elle pas avoir droit à deux places ou à un CD, du festival de musique classique ; ou à une visite guidée ?
Je demande :
- de la démocratie et de la transparence à propos des finances, de cette association municipale dont le siège est à l'office de tourisme
- une connaissance exacte du bureau de cette association
- que la restauration soi aussi assurée, par les membres des services techniques qui possèdent cette compétence
- de proposer aux jeunes auversois, qui le souhaiteraient, de participer à ce chantier de restauration afin qu'ils puissent s'approprier ce patrimoine, au lieu de les stigmatiser
- la fin de cette échelle des récompenses, qui favorise une culture élitiste, avec un tirage au sort parmi les donateurs.
- que les membres de la commission culture, tourisme, patrimoine soient administrateurs, de droit, de cette association
- que les autres associations auversoises puissent se réunir gratuitement et régulièrement.

Julien Foucou
Membre de la commission culture, tourisme, patrimoine

jeudi 7 mai 2015

8 MAI 2015 : plus jamais ca !



Vendredi 8 mai sera commémoré le 70ème anniversaire de la victoire sur la barbarie nazie. L’écrire est presqu’une information. Il est vrai que l’Etat n’aura rien fait pour donner un retentissement à l’événement. Un dépôt de gerbes devant la statue du Général de Gaulle, un autre sous l’Arc de Triomphe et une revue d’un détachement militaire : on ne peut même pas parler de service minimum. Rien à voir en tous cas avec les célébrations, voici un an, du 70ème anniversaire du débarquement. Du coup, tout suit à l’encan : alors que l’an dernier des documentaires et émissions spéciales remplissaient les écrans de nos téléviseurs, cette fois rien de sérieux pour éclairer pédagogiquement la défaite du nazisme. Rien en France ou presque donc, mais l’exécutif a également fait le choix d’ignorer les cérémonies officielles à Moscou le 9 mai, pourtant les seules prévues à l’étranger. Alors que M. Poutine était présent le 6 juin 2014 sur les plages normandes, M. Hollande, suivant en cela M. Obama et Mme Merkel, a choisi de snober l’invitation russe. La chancelière allemande, ainsi que M. Fabius pour le gouvernement français, ont choisi de venir à Moscou mais le lendemain, pour un hommage discret et quasi privatif aux 25 millions de russes tués au cours de la 2èmeguerre mondiale. Là encore un service minimum. Ce sont donc le premier ministre Grec M. Tsipras et le président Tchèque Milos Zenan qui sauveront l’honneur de l’Europe auprès des chefs d’état de la Chine, de l’Inde ou encore des pays de l’Alba. 
Les raisons de cette absence à ces cérémonies organisées par le pays qui, parmi les alliés, a payé le plus lourd tribut à la victoire contre le nazisme ? La politique de M. Poutine en Ukraine. Nous voilà donc rangés, une fois de plus, derrière l’Otan et les intérêts américains et allemands dans cette vision unilatérale du conflit ukrainien. A ce sujet, le nouveau livre de Jean-Luc Mélenchon (1) nous rappelle utilement les promesses occidentales faites à Moscou lors de la réunification allemande : celle du secrétaire nord-américain James Baker formulée à Gorbatchev le 9 février 1990 ou de M. Kohl lors de sa visite à Moscou deux jours après : « nous n’avons aucune intention d’étendre le territoire de l’OTAN à l’Est ». On sait ce qu’il en est advenu : ces assurances ont depuis volé en éclat. L’OTAN, quoi que promettent ses pays membres, menace bien aujourd’hui d’étendre son influence à la frontière même de la Russie. Et qu’importe que ce soit en soutenant un régime gangrené jusque dans ses sphères gouvernementales et militaires par les nazis du parti Svoboda. Un régime qui a d’ailleurs interdit toute cérémonie publique jusqu’au 10 mai. En Ukraine au moins on ne fera même pas de service minimum pour célébrer la victoire contre les Nazis. 
Voilà donc pourquoi M. Hollande a choisi de ne pas se rendre à Moscou. Il enrôle ainsi un peu plus la France dans un remake de la guerre froide. Soit une mise sous tension terriblement dangereuse pour la paix dans le monde. Au moment du 70èmeanniversaire du 8 mai qui marque aussi la fin du conflit mondial le plus déflagrateur de l’histoire, on aurait au contraire aimé voir notre pays du côté des forces de paix, donc porteur d’une politique indépendante des blocs en présence. La présence de François Hollande à Moscou n’aurait d’ailleurs pas plus signifié son soutien à la politique du Kremlin que celle de M. Poutine le 6 juin 2014 à la stratégie de l’OTAN ! Pour finir on dira que M. Hollande est assurément moins regardant quand il décide d’autoriser la vente de Rafales au Qatar, pays autrement moins fréquentable que la Russie. 
Cet effacement du 70ème anniversaire du 8 mai constitue donc une occasion honteusement ratée. L’occasion déjà de revenir de façon plus globale sur la victoire sur le nazisme que ne le fut la commémoration du 6 juin 2014. Cela aurait permis, par exemple, de mettre plus en avant l’importance décisive de la victoire de Stalingrad. Mais c’est surtout l’occasion ratée de décliner à l’échelle du pays le « plus jamais ça » en disséquant ce que furent le nazisme et les ressorts de sa défaite. C’eut été évidemment œuvre utile au moment où les idées de la bête immonde semblent de nouveau surgir d’un ventre fécond, celui d’une crise sociale comparable en intensité à celle de l’entre deux-guerres. Nous avons évoqué la place des nazis en Ukraine mais la montée de partis d’extrême-droite plus ou moins radicaux se fait jour un peu partout. On sait malheureusement que la France est au premier rang parmi eux. Les violences de ses nervis le 1er mai et les déclarations et agissements de plusieurs de ses responsables viennent de rappeler que le FN restait un parti d’extrême-droite xénophobe et raciste qui s’inscrit dans une tradition antirépublicaine. La proposition de Marine Le Pen d’instaurer le droit du sang ou la décision de Robert Ménard de ficher les écoliers de Béziers sur des critères ethnico-religieux sont hautement symboliques à quelques jours du 8 mai : l’un et l’autre n’ont en effet été appliqués en France que sous le régime collaborationniste de Pétain. 
Ne pas s’être saisi du 70ème anniversaire du 8 mai 1945 pour rappeler comment et dans quel cadre historique le nazisme est monté en Europe est donc une faute. C’est pourquoi le PG a tenu, en plus de la présence de ses élus aux cérémonies officielles, à célébrer à sa manière, même de façon symbolique, la victoire contre le nazisme et la lutte contre ses formes actuelles. Nous appelons pour cela à un  rassemblement symbolique le vendredi 8 mai à 12 h devant le 48 rue du Four à Paris où s'est tenue la première réunion du Conseil National de la Résistance (CNR). Histoire de rappeler que le 8 mai 1945 a aussi été la victoire des Jours heureux.
(1) Jean-Luc Mélenchon : Le hareng de Bismarck – Le poison allemand (210 pages, 10 euros, éditions Plon) sortie le 7 février

Eric Coquerel
SN à la coordination politique